Pr Oumar Sankaré écrivain, 2e Agrégé en Grammaire après Senghor : «J’approuve l’idée, mais…»
«J’approuve beaucoup cette initiative étant donné que le Président Wade est un grand admirateur du Président Senghor. En regardant d’ailleurs leur itinéraire, universitaire comme politique, il y a beaucoup de points de similitude entre les deux hommes et donc on ne peut que se réjouir de cette décision. Maintenant il reste à savoir quel genre de musée cela sera. Il serait bon d’en faire non seulement un musée mais une maison de la culture avec une bibliothèque, une salle de travail, une salle d’exposition d’œuvres d’art, puisque Senghor avait reçu beaucoup d’œuvres d’art surtout à travers ses voyages à l’étranger. Cela remplacerait le Musée dynamique. C’est une chose à laquelle Senghor tenait beaucoup et il ne manquait pas de le faire visiter à tous ses invités, surtout les chefs d’Etat. Donc ce ne serait que justice de transformer la maison de Senghor en Musée dynamique comme il l’aurait souhaité. Ce qui lui a fait le plus de mal, c’est la transformation du Musée dynamique en siège de la Cour suprême. Il a mal pris cela et n’avait pas apprécié. C’était du temps de Diouf, du temps de la désenghorisation…»
Ousmane Sow Huchard : «Ce sera un musée Léopold S. Senghor et un musée de la présidence»
«J’ai lu dans la presse que le Président va réaliser un musée Léopold Sédar Senghor. Le musée de la présidence, d’après ce que j’ai lu, sera créé peut-être au niveau de la Présidence. Mais c’est la résidence du Président Senghor qui va être transformée en un musée du Président-poète. Ce que nous saluons vraiment de tous nos vœux, parce que tout ce qui peut immortaliser la pensée et les actions du Président Senghor nous va droit au cœur. J’ai compris deux choses : la résidence du Président Senghor sera transformée en un musée Senghor et Abdoulaye Wade envisage de créer un musée à la présidence de la République pour y présenter tous les cadeaux reçus par les chefs d’Etat. C’est une bonne chose. Dans beaucoup de pays cela se fait. Dans les articles que j’ai lus, il est même question de demander au collectionneur Mourtalla Diop, qui est un ami à moi et qui dispose d’une importante collection d’œuvres d’art classique, de voir comment organiser les œuvres de Senghor. Donc, le musée de la présidence serait logé à la Présidence où quelque part et ne comporterait que les cadeaux reçus par les chefs d’Etat sénégalais. Ce sont deux choses différentes, deux projets différents. En tant qu’ancien conservateur en chef du Musée dynamique fermé en 1988, j’avais comme projet avec le Président Senghor d’y présenter toute sa collection d’objets d’art. Ce que nous n’avons pas pu faire à cause de la fermeture du musée. Normalement, les œuvres qu’un Président reçoit pendant qu’il est en fonction ne doivent pas quitter la présidence de la République. C’est une règle. Je ne sais pas si le Président Diouf serait parti avec des objets qu’il aurait reçus pendant ses mandats. Normalement quand un chef d’Etat en fonction reçoit un cadeau, cela doit entrer dans le domaine privé artistique de l’Etat. Si Wade estime qu’il y a des objets que le Président Diouf aurait reçus en cadeaux et qui ne sont plus là, il est en droit de les réclamer. Mais comment peut-il savoir que Diouf aurait reçu un cadeau à tel voyage et en telle circonstance ? C’est une question à poser. De toute façon je suis persuadé d’une chose, le Président Senghor tout ce qu’il a reçu comme cadeau, il n’est pas parti avec. Je le connaissais bien.»
Amadou Lamine Sall, poète «La maison de Senghor est sous usufruit»»
«J’ai toujours pensé et je pense encore que la maison de Senghor doit rester la maison de Senghor. Il ne peut pas exister de place ni pour un musée des civilisations noires ni pour un musée présidentiel dans cette maison. J’ai entendu les propos du Président qui parle désormais d’un musée présidentiel qui serait installé ailleurs. Cela me rassure. Pour le musée des civilisations noires, il fait déjà partie des sept merveilles culturelles du Président que je salue et approuve au passage. Laissons donc ce musée tranquillement dans ce lot. Sinon, le Musée dynamique occupé par la Cour suprême est un raccourci pour faire des économies en y installant le musée des civilisations noires. La maison de Senghor est loin de se prêter à un tel espace. Comme celle de nombreux grands hommes de par le monde, cette maison doit rester ce que Senghor en a fait et permettre aux Sénégalais, aux Africains, aux étrangers de par le monde de venir la visiter telle quelle, avec la chambre du poète, son bureau, son salon, ses jardins, sa piscine, sa bibliothèque, ses collections d’art. Bref, trouver là la vraie âme de Senghor. Le Président Wade a jusqu’ici honoré la mémoire de Senghor avec respect et admiration. Qu’il garde ce cap que l’histoire retiendra. Il ne faut surtout pas toucher à l’architecture intérieure et extérieure de cette demeure. Je termine en demandant respectueusement au Président Wade, en saluant son coup de mémoire et de génie, de rendre les deux livres qu’il dit avoir prêtés à Senghor. Ces deux ouvrages seront exposés en aparté avec une notice indiquant ceci : «Prêtés à Senghor par Me Abdoulaye Wade sur déclaration de celui-ci le 8 novembre 2011.» Le fait ne mériterait-il pas de rester dans l’histoire de cette maison ? Notons pour l’information de tous, au regard de ce que nous avons appris de source vertueuse, sous réserve d’avoir une copie de l’acte de vente pour confirmation, que dans le contrat d’achat avec l’Etat du Sénégal, la maison de Senghor est sous usufruit, ce qui veut dire que tant que Madame Colette Senghor est en vie, elle jouit de cette maison laissée à sa disposition en l’état. C’est à sa mort seulement que l’Etat pourrait totalement faire de cette demeure ce qu’il veut en faire. Pour dire que le débat est loin d’être clos.
Elie Charles Moreau, Poète-Ecrivain : «Ce qui m’intéresse, c’est que la maison ne tombe pas en ruine»
«Si c’est pour véritablement rassembler toutes les œuvres, tous les cadeaux que les Présidents du Sénégal ont eu à rassembler ou à recevoir, je ne vois pas de problème là-dessus. Les cadeaux que les divers Présidents de partout au monde reçoivent sont effectivement destinés à être gardés dans ce qui pourrait être le patrimoine national. Cela ne me gène pas. D’autant que la maison de Senghor est fermée depuis mathusalem. On risque d’en faire une ruine ou de la regarder périr. Si c’est réellement destiné à cela, je n’y vois pas d’inconvénient surtout qu’il y a une possibilité pour les Sénégalais d’y accéder et de pouvoir véritablement voir et vivre pleinement ce que les divers Présidents du Sénégal, de Senghor à Wade en passant par Diouf ont reçu et qui constitue un capital. Je n’y vois pas d’inconvénient, si ce n’est à ces détails-là. Que Me Wade l’ait acheté ou pas. Quelqu’un d’autre aurait pu le faire. C’est une idée très noble… Ce qui m’intéresse, c’est que la maison ne tombe pas en ruine parce que fermée depuis longtemps. Qu’elle devienne une maison sans porte pour tous ceux-là qui ont envie d’assouvir une curiosité culturelle. Quant à Wade qui demande à Diouf de ramener des œuvres d’art, je ne suis pas dans cette histoire-là.»
( LE QUOTIDEN )
«J’approuve beaucoup cette initiative étant donné que le Président Wade est un grand admirateur du Président Senghor. En regardant d’ailleurs leur itinéraire, universitaire comme politique, il y a beaucoup de points de similitude entre les deux hommes et donc on ne peut que se réjouir de cette décision. Maintenant il reste à savoir quel genre de musée cela sera. Il serait bon d’en faire non seulement un musée mais une maison de la culture avec une bibliothèque, une salle de travail, une salle d’exposition d’œuvres d’art, puisque Senghor avait reçu beaucoup d’œuvres d’art surtout à travers ses voyages à l’étranger. Cela remplacerait le Musée dynamique. C’est une chose à laquelle Senghor tenait beaucoup et il ne manquait pas de le faire visiter à tous ses invités, surtout les chefs d’Etat. Donc ce ne serait que justice de transformer la maison de Senghor en Musée dynamique comme il l’aurait souhaité. Ce qui lui a fait le plus de mal, c’est la transformation du Musée dynamique en siège de la Cour suprême. Il a mal pris cela et n’avait pas apprécié. C’était du temps de Diouf, du temps de la désenghorisation…»
Ousmane Sow Huchard : «Ce sera un musée Léopold S. Senghor et un musée de la présidence»
«J’ai lu dans la presse que le Président va réaliser un musée Léopold Sédar Senghor. Le musée de la présidence, d’après ce que j’ai lu, sera créé peut-être au niveau de la Présidence. Mais c’est la résidence du Président Senghor qui va être transformée en un musée du Président-poète. Ce que nous saluons vraiment de tous nos vœux, parce que tout ce qui peut immortaliser la pensée et les actions du Président Senghor nous va droit au cœur. J’ai compris deux choses : la résidence du Président Senghor sera transformée en un musée Senghor et Abdoulaye Wade envisage de créer un musée à la présidence de la République pour y présenter tous les cadeaux reçus par les chefs d’Etat. C’est une bonne chose. Dans beaucoup de pays cela se fait. Dans les articles que j’ai lus, il est même question de demander au collectionneur Mourtalla Diop, qui est un ami à moi et qui dispose d’une importante collection d’œuvres d’art classique, de voir comment organiser les œuvres de Senghor. Donc, le musée de la présidence serait logé à la Présidence où quelque part et ne comporterait que les cadeaux reçus par les chefs d’Etat sénégalais. Ce sont deux choses différentes, deux projets différents. En tant qu’ancien conservateur en chef du Musée dynamique fermé en 1988, j’avais comme projet avec le Président Senghor d’y présenter toute sa collection d’objets d’art. Ce que nous n’avons pas pu faire à cause de la fermeture du musée. Normalement, les œuvres qu’un Président reçoit pendant qu’il est en fonction ne doivent pas quitter la présidence de la République. C’est une règle. Je ne sais pas si le Président Diouf serait parti avec des objets qu’il aurait reçus pendant ses mandats. Normalement quand un chef d’Etat en fonction reçoit un cadeau, cela doit entrer dans le domaine privé artistique de l’Etat. Si Wade estime qu’il y a des objets que le Président Diouf aurait reçus en cadeaux et qui ne sont plus là, il est en droit de les réclamer. Mais comment peut-il savoir que Diouf aurait reçu un cadeau à tel voyage et en telle circonstance ? C’est une question à poser. De toute façon je suis persuadé d’une chose, le Président Senghor tout ce qu’il a reçu comme cadeau, il n’est pas parti avec. Je le connaissais bien.»
Amadou Lamine Sall, poète «La maison de Senghor est sous usufruit»»
«J’ai toujours pensé et je pense encore que la maison de Senghor doit rester la maison de Senghor. Il ne peut pas exister de place ni pour un musée des civilisations noires ni pour un musée présidentiel dans cette maison. J’ai entendu les propos du Président qui parle désormais d’un musée présidentiel qui serait installé ailleurs. Cela me rassure. Pour le musée des civilisations noires, il fait déjà partie des sept merveilles culturelles du Président que je salue et approuve au passage. Laissons donc ce musée tranquillement dans ce lot. Sinon, le Musée dynamique occupé par la Cour suprême est un raccourci pour faire des économies en y installant le musée des civilisations noires. La maison de Senghor est loin de se prêter à un tel espace. Comme celle de nombreux grands hommes de par le monde, cette maison doit rester ce que Senghor en a fait et permettre aux Sénégalais, aux Africains, aux étrangers de par le monde de venir la visiter telle quelle, avec la chambre du poète, son bureau, son salon, ses jardins, sa piscine, sa bibliothèque, ses collections d’art. Bref, trouver là la vraie âme de Senghor. Le Président Wade a jusqu’ici honoré la mémoire de Senghor avec respect et admiration. Qu’il garde ce cap que l’histoire retiendra. Il ne faut surtout pas toucher à l’architecture intérieure et extérieure de cette demeure. Je termine en demandant respectueusement au Président Wade, en saluant son coup de mémoire et de génie, de rendre les deux livres qu’il dit avoir prêtés à Senghor. Ces deux ouvrages seront exposés en aparté avec une notice indiquant ceci : «Prêtés à Senghor par Me Abdoulaye Wade sur déclaration de celui-ci le 8 novembre 2011.» Le fait ne mériterait-il pas de rester dans l’histoire de cette maison ? Notons pour l’information de tous, au regard de ce que nous avons appris de source vertueuse, sous réserve d’avoir une copie de l’acte de vente pour confirmation, que dans le contrat d’achat avec l’Etat du Sénégal, la maison de Senghor est sous usufruit, ce qui veut dire que tant que Madame Colette Senghor est en vie, elle jouit de cette maison laissée à sa disposition en l’état. C’est à sa mort seulement que l’Etat pourrait totalement faire de cette demeure ce qu’il veut en faire. Pour dire que le débat est loin d’être clos.
Elie Charles Moreau, Poète-Ecrivain : «Ce qui m’intéresse, c’est que la maison ne tombe pas en ruine»
«Si c’est pour véritablement rassembler toutes les œuvres, tous les cadeaux que les Présidents du Sénégal ont eu à rassembler ou à recevoir, je ne vois pas de problème là-dessus. Les cadeaux que les divers Présidents de partout au monde reçoivent sont effectivement destinés à être gardés dans ce qui pourrait être le patrimoine national. Cela ne me gène pas. D’autant que la maison de Senghor est fermée depuis mathusalem. On risque d’en faire une ruine ou de la regarder périr. Si c’est réellement destiné à cela, je n’y vois pas d’inconvénient surtout qu’il y a une possibilité pour les Sénégalais d’y accéder et de pouvoir véritablement voir et vivre pleinement ce que les divers Présidents du Sénégal, de Senghor à Wade en passant par Diouf ont reçu et qui constitue un capital. Je n’y vois pas d’inconvénient, si ce n’est à ces détails-là. Que Me Wade l’ait acheté ou pas. Quelqu’un d’autre aurait pu le faire. C’est une idée très noble… Ce qui m’intéresse, c’est que la maison ne tombe pas en ruine parce que fermée depuis longtemps. Qu’elle devienne une maison sans porte pour tous ceux-là qui ont envie d’assouvir une curiosité culturelle. Quant à Wade qui demande à Diouf de ramener des œuvres d’art, je ne suis pas dans cette histoire-là.»
( LE QUOTIDEN )